Boussagues est solidement campée en retrait de la vallée de l’Orb sur ses versants ouest. Cette cité médiévale fortifiée apparaît, impressionnante par ses vieilles murailles, ses édifices médiévaux et autres vestiges, signes de grande puissance et de grande histoire. Elle apparaît en 1117, quand déjà son seigneur donna en alleu son château. Elle se développa pendant près de 3 siècles pour devenir un centre névralgique de la Haute vallée de l’Orb sur les plans démographique, économique, religieux et politique. Il est aussi possible que sa fondation remonte plusieurs siècles avant, voire plus d’un millénaire !
Des ressources minières importantes (plomb argentifère, charbon), des matériaux de construction faciles à travailler, de l’eau, des bois, des coteaux ont permis un essor continu jusqu’au XIVème siècle. Boussagues compta jusqu’à 1500 âmes et dominait la Haute Vallée de l’Orb à son apogée. Les épidémies, les pillages, la délocalisation de ses seigneurs, le climat stoppèrent son élan à compter du milieu du XIVème siècle. La cité disposait de toute l’organisation civile, religieuse et militaire du moyen-Âge : seigneurs, consuls, ouvriers, notaires, hôpital, etc. Boussagues était aussi un des 3 archiprêtrés du diocèse de Béziers. La première concession du bassin houiller dit de Graissessac fut nommée concession de Boussagues en 1767, car située sur la Baronnie de Boussagues. Tout ceci perdura jusqu’à la Révolution, et Boussagues alors commune perdit son titre en 1884.
Village médiéval fortifié, Boussagues recèle deux châteaux des XII et XIIIème siècle (le Castellas et le Château Bas), un manoir Renaissance (la Maison du Bailli ou manoir de Toulouse Lautrec), et deux églises. L’église paroissiale Notre-Dame de la Pitié, église romane (chœur du XIIème et nef du XVIème siècle) dont la nef primitive se serait effondrée au XVIème après des fortes inondations et débordements du ruisseau riverain. La nef et le clocher furent reconstruits en 1520. L’église de La Trinité, exemple de gothique languedocien, remonte au début du XIVème siècle. Elle jouxte le cimetière villageois. A l’intérieur de remparts, de nombreuses ruelles typiques et fronton d’édifices relatant la grandeur passée du lieu.
Boussagues conduit rapidement sur le causse de Bédarieux à l’aérodrome de Bédarieux- La Tour, avec sa piste de 900 m de longueur.
Le village est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1953 comme l’église Notre Dame de la Pitié (1988) et la Maison du Bailli (2018)
L’église Notre-Dame de la Pitié
Dominée par son clocher du XVIème siècle l’église Notre-Dame de la Pitié est un édifice à nef unique et chevet semi-circulaire désaxé par rapport à la nef en raison de la topographie du terrain. Construite sur la pente naturelle du village l’église est fortement épaulée au sud par sept contreforts. La façade Sud a été remaniée au XIXème avec une porte rétrécie. Son chevet roman a été surhaussé hâtivement au XVIème siècle pour des raisons défensives : une chambre de tir très sommaire a été aménagée. A noter la qualité de l’appareil roman à joints vifs que l’on ne trouve pas sur les autres parties de l’édifice.
Séparé de la nef par un arc diaphragme, le chœur est couvert d’une voûte en berceau brisé au niveau de sa travée, et d’un cul de four au niveau de l’abside. Les chapiteaux du chœur sont tous sculptés, et les figurines supérieures font remonter cet édifice primitif au XIIème siècle.
Effondrée vers la fin du XVème, elle fut reconstruite en 1520 avec une nef allongée, déjà (?)Nettement désaxée par rapport à l’axe du chœur, et le clocher porche. La nef est couverte d’une voûte en berceau brisé sur doubleaux portés par des culs de lampes effilés. Des lunettes en pénétration dans la voûte favorisent l’éclairage direct par les baies méridionales.
A noter également les décors peints au XIXème siècle. Les mobiliers religieux remontent aussi au XIXème avec notamment un retable en bois doré XVIIème siècle.
A l’extérieur, encastrées dans les murs sud et ouest deux pierres tumulaires (1223 et 1230) avec des épitaphes de prêtres. Elles sont toutes deux classées (1911).