Boussagues est solidement campée en retrait de la vallée de l’Orb, sur ses versants ouest.
Cette cité médiévale fortifiée apparaît impressionnante par ses vieilles murailles, ses édifices médiévaux et autres vestiges, signes de grande puissance et de grande histoire.
Elle apparaît en 1117, quand déjà son seigneur donna en alleu son château. Elle se développa pendant près de trois siècles pour devenir le centre politique, économique et religieux de la Haute vallée de l’Orb.
Des ressources minières importantes (argent puis charbon), des matériaux de construction faciles à travailler, de l’eau, des bois, des coteaux ont permis un essor continu jusqu’au milieu du XIVème siècle. Boussagues compta jusqu’à 1500 âmes et dominait la Haute Vallée de l’Orb à son apogée. Les épidémies, les pillages, l’affaiblissement du pouvoir seigneurial et un bouleversement climatique stoppèrent son élan à compter du milieu du XIVème siècle. La cité disposait de toute l’organisation civile, religieuse et militaire du moyen-Âge : seigneurs, consuls, ouvriers, notaires, hôpital, bailli, garnison, etc.
Boussagues était aussi un des trois archiprêtrés du diocèse de Béziers. Ayant perdu près des deux tiers de sa population après la grande peste de 1348, elle se releva largement (plus de 1000 habitants en 1364), mais elle déclina lentement pour ne compter qu’environ 400 âmes à la Révolution. L’industrialisation de l’exploitation du bassin houiller, dit de Graissessac, démarra par une concession dite de Boussagues, en 1767, car située sur la Baronnie de Boussagues. Le développement rapide de l’extraction du charbon accéléra le déclin : dès 1791, plusieurs villages de la baronnie s’affranchirent en devenant des communes (Graissessac, Camplong, St Etienne, St Martin).
Boussagues finit par perdre son titre en 1884 au profit du hameau de La Tour, où se trouvent depuis les instances municipales.
Boussagues compte deux châteaux des XIIème siècle (le Castellas et le Château Bas), un manoir Renaissance (la Maison du Bailli ou manoir de Toulouse Lautrec), et deux églises. L’église paroissiale Notre-Dame de la Pitié, église romane (chœur du XIIème, clocher-porche du XIVème et nef du XVIème siècle) et l’église de La Trinité, début du XIVème siècle, qui contrairement à la première citée, n’a apparemment subît aucune modification. Le cimetière villageois la jouxte.
A l’intérieur, des remparts, de nombreuses ruelles typiques et frontons d’édifices relatent la grandeur passée du lieu. Notamment, la maison du Bailli qui a appartenu au célèbre peintre H. de Toulouse Lautrec.
La sortie sud de Boussagues sur le « causse de Bédarieux » conduit rapidement à l’aérodrome de La Tour sur Orb / Bédarieux.
Le village est classé site remarquable depuis 1953 et ont été inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques l’église Notre Dame de la Pitié en 1988 et la Maison du Bailli en 2018.
L’église Notre-Dame de la Pitié
Dominée par son clocher du XVIème siècle, l’église Notre-Dame de la Pitié est un édifice à nef unique et chevet semi-circulaire désaxé par rapport à la nef en raison de la topographie du terrain.
Construite sur la pente naturelle du village, l’église est fortement épaulée au sud par sept contreforts. La façade Sud a été remaniée au XIXème et la porte du porche rétrécie. Son chevet roman a été surhaussé au XIVème siècle pour des raisons pratiques autant que défensives : accès au clocher et chambre d’observation.
Séparé de la nef par un arc diaphragme, le chœur est couvert d’une voûte en berceau brisé au niveau de sa travée, et d’un cul de four au niveau de l’abside. Les chapiteaux du chœur sont tous sculptés, et les figurines supérieures font remonter cet édifice primitif au XIIème siècle.
Effondrée vers la fin du XIVème siècle à la suite d’inondations, elle fut reconstruite aussitôt avec une nef doublée de longueur et désaxée par rapport au chœur, un clocher porche et une chambre d’observation au-dessus de l’abside. Des lunettes en pénétration dans la voûte favorisent l’éclairage direct par les baies méridionales.
Les décors remontent tous de 1750 à 1860 : peintures, autels en bois et marbres, statues, tableaux, chemin de croix, chaire. A noter un retable en bois doré XVIIème siècle qui aurait été le maitre autel ayant précédé l’actuel en marbre.
A l’extérieur, encastrées dans les murs sud et ouest, deux pierres tumulaires de prêtres décédés en 1223 et 1238) avec pour épitaphes : « Ô homme, que regardes-tu ? Ce que j’ai été, tu l’es, ce que je suis, tu le seras, etc… ». Elles sont toutes deux classées (1911).
La Maison du Bailli – Manoir de Toulouse Lautrec
Cet édifice, en plein cœur du Village, est un ensemble d’origine médiéval. Appuyé sur les fortifications nord (XIIIème/XIVème) remanié plusieurs fois au cours des siècles suivants, avec notamment un pigeonnier médiéval de 172 alvéoles dans le haut de la tour. Il servit de résidence à plusieurs familles seigneuriales boussagoles qui la confièrent à plusieurs reprises au bailli de la cité. Il fut la propriété du célèbre peintre H. de Toulouse Lautrec dont le spectre aurait été vu en 1914. Propriété privée. Classée MH.